Jeudi 9 février; Rabat. Les quartiers de Rabat et leurs souvenirs.

Publié le par Paul-Marie Coûteaux

Dernier verre avec A, dans une boulangerie-salon de thé à la française, "chez Paul". Visite d'un beau refuge que je projette de louer, pour mon prochain séjour, dans le quartier dit des orangers.  Toujours, ici, le même sentiment d'une infinité de possibles (décuplé par un usage immodéré d'internet, dans lequel, grâce à la wi-fi, je plonge trop longuement la nuit, ne serait-ce que pour suivre les évènements d'Egypte. Au fond, ici, tout m'est agréable. j'ai fait à deux ou trois reprises des courses dans le quartier cossu d'Agdal, sans avoir grand' chose à acheter, pour le simple plaisir des rues, des bouts de conversation avec les marchands, avec un libraire notamment -il y a ici beaucoup de librairies. Puis, dans la Médina, dont j'aime moins la foule; puis aux Oudayias où nous avions habité un joli ryad, un peu au dessus du café maure, E et moi, voici trois ans, à l'occasion de la communion d'Augustin. Incursion dans le quartier dit "de l'Océan", où j'ai retrouvé, par bribes, mes plus lointains souvenirs de voyage -nous étions allés à Rabat, ma mère et moi, en 1962 ou 1963, avions séjourné dans ce quartier dont le petit garçon de six ans que j'étais, qui quittait la France pour la première fois, se souvient du phare…

 

Encore et encore, je retrouve des souvenirs, par exemple celui du mois de février 1999 passé à Casablanca chez mon frère, où j'ai écrit en quatre semaines l'essentiel de "La Puissance et la Honte". Pourquoi le Maroc toujours, alors que je n'ai fait que trois ou quatre séjours en Tunisie, aucun en Algérie, ni en Libye, et deux seuls en Egypte -dont l'un dura presque une année. Je sais du moins pourquoi je reviens toujours dans le monde arabe : peut-être parce que la répulsion première se convertit toujours en affection, et que l'on y retrouve, sous l'exaspération (le laisser aller, le défaut de parole, la saleté des villes…)  une humanité simple et consolante ; mais surtout, comme dans le cas du Québec, qui fut l'autre de mes destinations les plus fréquentes, parce que je suis sûr que beaucoup s'y joue pour l'avenir de la France, si l'on ose encore songer à son avenir…

Publié dans Extraits du journal

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