Jeudi 10 février; Rabat.
Sur ce sujet, l'avenir de la France, chaque jour apporte une nouvelle alarme : notre commerce extérieur accuse en 2010 un déficit de 55 milliards d'euros, chiffre phénoménal si l'on songe que l'on s'affolait pour des chiffres douze fois moindres dans les premières années Mitterrand -c'était au temps, pour moi, du cabinet de Michel Jobert, alors ministre du commerce extérieur. Or, l'Allemagne enregistre, elle, un solde positif de 150 milliards d'euros…
La vérité est que la France est un pays qui ne marche pas. Cela dans les deux sens du terme : il ne fonctionne pas, et d'une certaine façon ne le veut pas -il ne veut pas marcher dans la combine. Il n'est que de voir son armature, je veux dire ses services publics, tous détraqués : aussi bien l'Education nationale ou l'Université que la Justice, la police (d'ailleurs en guerre ouverte avec la Justice, celle-ci étant en guerre ouverte avec le gouvernement) que les services les plus protégés, les affaires culturelles, dont le ministre n'arrive même pas à imposer un musée de l'Histoire de France, comme les affaires étrangères (impossible de faire passer l'UPM, impossible de trouver un ambassadeur convenable en Tunisie, impossible de régler l'affaire Cassez discrètement, comme on l'a toujours fait, préférant une mise en scène ridicule avec "le papa et la maman de Florence" comme dit le Président de la république, qui fait tout exploser), le dernier îlot tant soit peu performant, la "santé" ne l'étant plus qu'au prix de dépenses exorbitantes; de ce fait l'activité privée, épuisée d'impôts, s'expatrie comme on fuit un asile de fous, ceux qui ne peuvent pas, comme l'agriculture ou l'artisanat se disloquant lentement. Or, s'il ne marche pas c'est que, d'une certaine façon, il ne le veut pas -au sens : il ne veut pas marcher dans un système que la majorité de ses habitants juge fou, c'est à dire contraire à toute raison, la vieille boussole française.