Semaine 18 /2011 (du 2 au 8 mai)
Lundi 2 mai deux mil onze. Mirebeau. - Ce soir, un orage - bienvenu, car nous manquons d'eau depuis des semaines. De toute façon, chaque orage est une visite heureuse. Le simple fait de le voir venir, de l'entendre approcher à vive allure, de rentrer en hâte, sous les premières gouttes, meubles du jardin, hamac et bicyclette puis de se mettre à l'abri pour regarder de tous côtés la danse des éclairs, ce rite sans cesse répété est devenu un plaisir - et partager ensuite le bonheur des oiseaux , de la pelouse et des arbres qui s'abreuvent …
Programme à peu près respecté aujourd'hui : au bureau à 7h45, avec de Gaulle sans lâcher prise jusqu'à 14 heures; rapide déjeuner, comme il le faudrait plus souvent; peu après quinze heures, ai dicté du courrier à Ch-T.S. (lettre à MlP), ai passé force coups de fils, et dîné à l'heure en écoutant le "à voix nue" de Jean Claude Milner. Ce dernier a un beau culot : tandis qu'il expliquait que la transmission lui paraissait une activité ridicule, que l'on ne transmettait jamais rien, que chacun faisait ses apprentissages seul et autres soixanthuitardises éculées, son interlocuteur lui demanda comment il se faisait qu'il était professeur d'université. Réponse : "Mais enseigner aussi est une activité stupide - sauf si elle est très bien rémunérée!". Bien entendu, il faut rire; bien entendu, il est interdit de penser à ce que cet énergumène bavard coûte au bon peuple, qu'il méprise sans avoir jamais eu le moindre souci de service (il ne manque d'ailleurs pas de dire en passant que l'idée même d'identité nationale lui fait horreur, talisman à montrer en toute occasion sur ladite France Culture); bien entendu, il est interdit de demander le moindre compte à ces baladins paresseux, insolents et cupides…
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Mardi 3 mai deux mil onze. Mirebeau. - Sélection de l'équipe de France de foute suite.
Le préchi-précha raciste contre la vieille France (raciste, oui, bien qu'il se dise "anti-raciste", mais nous sommes chez Orwell), est si général depuis trois ou quatre jours que tout le monde se plie aux injonctions de M. Edwy Plenel et son "médiapart" -il faudra montrer, lors des prochaines sélections qu'il n'en est rien, que l'équipe de France est plus "ouverte" que jamais, etc… En somme, Plenel triomphe. D'ailleurs, puisque ce Plenel donne le la à tout l'orchestre anti-national, pourquoi se gênerait-il ? Non seulement toute la gauche comme (presque) toute la droite le suit, mais il est fêté aussi par les "nationaux" : convié à la tribune du dernier congrès de DLR, en novembre dernier, il n'eut guère besoin de mettre beaucoup dans son vin pour s'y faire acclamer. J'étais stupéfait que DLR l'ait invité et lui fasse si bon accueil; et fort gêné ensuite, lui succédant à la tribune avant que NDA ne parle, par la colère que venait de m'inspirer son numéro. Où étais-je ? Je me souviens avoir répliqué à l'une de ses provocations, au milieu de mon discours, et me souviens aussi de n'avoir guère été suivi alors par la salle. Pourquoi NDA compose-t-il ainsi sans fin ? On ne parvient à rien si l'on compose; l'ennemi engrange ses gains, avance et se renforce à mesure : il faut se raidir, c'est tout. Rien à faire avec de pareilles gens.
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Mercredi 4 mai deux mil onze. Mirebeau. - Comme le temps manque ! Je compte heures et minutes; même ici, dans cette maison paisible, il m'arrive de presser le pas, d'une pièce ou d'un étage à l'autre, pour gagner du temps; pourtant, je me lève cette semaine assez tôt pour ne pas perdre les jours; mais j'ai l'impression qu'ils filent plus vite encore quand je travaille.
Elle et Lui, la Connaissance et le Temps : un beau couple. A propos de l'abolition du Temps : je vois de mieux en mieux comme la Connaissance a quelque chose à voir avec Lui, dépend de Lui, est toute pendue à Lui : à la fois Elle le rend au plus haut point précieux (il faut se dépêcher de tout voir, tout entendre, tout lire, tout saisir, de prendre et comprendre ce que l'on peut du monde pour supporter d'y vivre, puis supporter d'en disparaître), et Elle l'abolit à mesure qu'on s'y enfonce, montrant l'humanité éternelle, saisie dans une sorte d'immobilité éternelle -par Elle et par Lui, l'esprit solitaire se fond assez dans l'univers pour se consoler de mourir, en sorte que toute Connaissance a grandement à voir, aussi, avec la foi. Il y a enfin que, conséquemment, il faut beaucoup de Temps pour en acquérir assez, en somme pour s'incorporer avec cette part de Culture qu'est la civilisation à laquelle on appartient; beaucoup de Temps, d'années d'apprentissage, et de générations, je crois -propos glissants, certes, puisqu'ils signifient que l'on ne saurait acquérir une Culture particulière (au sens : une civilisation) sans une grande part de Temps, et par exemple que l'on puisse être dit Français par le simple fait que l'on vient d'arriver par avion ou par bateau. A quoi s'ajoute, évidemment, que la culture elle-même est Histoire, qu'elle est du Temps, retrouvé ou découvert, non seulement en ce qu'elle plonge ses lumières dans le passé et ses ramifications les plus lointaines, mais en ce quelle permet d'entrevoir l'ensemble des composantes du présent, et peut-être d'apercevoir ainsi l'avenir. En somme, la Connaissance (ou faut-il dire "la Culture" ?, mais ces deux notions sont pour moi équivalentes ), a de tous côtés pour voisin le Temps même, en sorte que, si je devais répondre à la question classique et tenter à mon tour de définir la Culture, je dirais qu'elle est la première amie du Temps, son épouse peut-être, et que c'est de leurs noces que naît tout homme de bien.
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Jeudi 5 mai deux mil onze. Mirebeau-les-roses. : partout des roses, des roses de toutes les couleurs, sur les murs du coté est, sur le mur du côté est, sur la rocaille, parmi les arbres fruitiers, et aussi le long des rues, quand elles dépassent les barrières des jardins…
Voici quelques jours, les Etats-Unis ont retrouvé et assassiné l'un de leurs anciens agents, qu'ils cherchaient (et nous faisaient chercher) en Afghanistan mais qui se trouvait au Pakistan, le célèbre Ben Laden, qui avait longtemps animé les fins de semaines de New-York quand, venu avec tous ses copains d'Arabie Séoudite, il y débarquait certains vendredi soirs avec son armada (il fallait un avion entier pour convoyer la petite troupe de fêtards); il fut leur allié contre les Russes, se fit combattant, et finit par se retourner contre eux - à la différence d'une grande partie de sa famille, restée très liée aux Etats-Unis et ses milieux d'affaires.
Passons sur les conditions, point si claires, de ce haut fait, qui, curieusement, est à la fois présenté comme une tuerie (il y eut plusieurs morts parmi "l'entourage") et comme une opération de Justice : "Justice est faite" a dit M. Obama. La Justice ne consiste plus, apparemment, à juger mais à exécuter sans détours; les dirigeants nazis eurent bien droit, eux à un procès; à moins que l'on ne veuille entendre ce que l'ancien agent avait à dire ? Passons aussi sur le calendrier, sur la confirmation que les Etats-Unis savaient où se trouvaient ledit Ben Laden -depuis l'été dernier disent les uns, depuis plusieurs années assurent les autres, et sur l'impression que l'on voulut agir avant le dixième anniversaire du 11 septembre et l'ouverture, dans quelques mois, des "primaires"… Mais il est une chose sur laquelle il ne faut pas passer, le fait que le Gouvernement Pakistanais, présenté comme le grand allié des Etats-Unis, n'a jamais donné l'autorisation au Gouvernement américain de mener une opération militaire sur son territoire, et que, apparemment il n'en a été informé qu'après coup. Voilà qui contrevient une fois de plus au droit international le plus élémentaire : le gouvernement pakistanais en est furieux, et d'autant que l'explication donnée par Washington, selon laquelle l'armée pakistanaise est infiltrée par les islamistes, est pour lui infâmante. Le Pakistan infiltré : faudra-t-il donc y porter la guerre ? On n'en restera pas là, le Pakistan (sa nombreuse population, sa situation ultra-stratégique, son armée dotée de l'arme nucléaire, etc.), se trouvant plus que jamais au centre de la zone des tempêtes…
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Vendredi 6 mai deux mil onze. Mirebeau. - Fatigue générale; impression que, plus j'abats de travail, plus il se trouve de travail à abattre. Ce journal lui-même me prend bien trop de temps. Du coup, je copie ici l'éditorial que j'ai envoyé il y a quelques jours pour la lettre mensuelle du RIF, qui me vaut de bonnes réactions. Il définit bien, je crois, notre ligne. Dans l'incroyable désordre actuel de ma vie, il y au moins cela : politiquement, tout est-il clair…
Mes chers compagnons,
Comme vous le savez, notre organisation a publié, à l'issue de notre convention du 19 mars dernier, une motion d'orientation politique appelant à à une large alliance des patriotes en vue de la présentation sous une appellation nouvelle, aux législatives de 2012, de candidats communs; cet appel s'adressait à tous les Français, notamment aux électeurs ou militants encore égarés au sein de l'UMP mais demeurés fidèles à l'esprit du Général de Gaulle, ou simplement attachés à la pérennité de la Nation française, et notamment les membres de la Droite Populaire, comme à ceux du Front national, et naturellement de la nébuleuse souverainiste, ainsi que ceux que nous pouvons appeler "républicains de l'autre rive", invitant les uns et les autres à dépasser les vieux clivages, et les exclusives d'un autre âge.
Cette initiative intervint dans les meilleures circonstances : elle arriva à son heure en dehors de toute perspective électorale immédiate, et après qu’aient été rendues irréversibles les évolutions du Front National ; notre motion fut adoptée quasiment à l’unanimité le 29 mars dernier, son effet étant renforcé par le renouvellement, l’élargissement et le rajeunissement de notre bureau (Cf. notre nouvel organigramme); elle révéla aussitôt que notre équipe était mobilisée et soudée notamment "sur la toile" où chacun a pu (et doit encore) lui donner la plus large diffusion.
Sa reprise par les médias fut également satisfaisante : une longue dépêche de l’AFP en reprit peu à peu l’essentiel – chose rare ; plusieurs grands organes de presse, à commencer par Le Monde (qui dans un court article se montra inhabituellement objectif), Le Figaro ainsi que le Figaro Magazine, mais aussi La Croix, Marianne en ligne et RTL (pour ne dire que les principaux) le mentionnèrent substantiellement tandis que plusieurs sites le reprirent en tout ou partie, de nombreux commentateurs contribuant à lui donner plus d’écho -ainsi que notre ami Nicolas Dupont Aignan qui, ne manquant pas une occasion dans les jours qui suivirent d’exprimer son refus de s'associer à notre démarche, ne fit qu’en accroître l’audience, ranimant à mesure le débat que nous souhaitions; de son ôté, Marine Le Pen mentionna notre proposition lors d’émissions de radios et télévisions. Je ne peux ici recenser l’ensemble des réactions, leur nombre dépassant nos espérances.
Depuis lors, plusieurs rencontres ont eu lieu entre des membres de notre bureau, d'une part, d'autre part Marine Le Pen et Louis Alliot d’où il ressort que notre alliance, qui ne saurait évidemment pas se borner à un simple partenariat électoral avec le FN, est désormais sur les rails et pourra s'élargir à mesure -l'accord de deux organisations constituant pour ce faire un bon début. J’ai à peine besoin de dire que cet élargissement de l'alliance est indispensable si nous voulons réussir la constitution d’une véritable Union des Patriotes, ou d’un Rassemblement national qui ait l’ampleur que nous souhaitions et qui devrait nous permettre de constituer l’an prochain une des premières forces politiques de notre pays.
Cette vaste entreprise, désormais bien lancée, suppose non seulement l’adhésion mais la participation active de chacun des membres du RIF. Pour cela, je ne saurais trop vous encourager à multiplier autour de vous les rencontres, par exemple sous forme de cafés politiques de l’Indépendance (par exemple lors de la prochaine parution des Cahiers consacrés à ce thème), ou de Rencontres patriotiques comme celles qu’organise notre fédération d’Aquitaine le 8 mai en l'honneur de Jeanne d’Arc. Ces manifestations doivent être conçues par les candidats du RIF, futurs candidats du "Rassemblement national" (l'appellation reste à trouver, vos idées sont les bienvenues), comme les premiers pas de leur campagne législatives de juin 2012 dans la circonscription qu’ils visent.
Notre perspective est donc claire. Mais j'aimerais ajouter un mot à l'attention de chacun d'entre vous : c’est le moment où jamais d'entrer en lisse, et de rompre en visière, comme on disait au Moyen-Age, ou de foncer, comme on dit aujourd'hui : dans quinze mois, la messe sera dite : soit le RIF n’aura plus de raison d’être et sera dépassé par les réaménagements en cours des forces politiques françaises, soit il sera l’âme d’un Rassemblement national et populaire qui portera les espérances du pays. Aussi brillante soit-elle, l’équipe dirigeante du RIF ne saurait tout faire seule ; c’est à chacun de vous, à travers la France, là où il est, de jouer sa partition au sein d’un orchestre qui est désormais mis en ordre, et que l’on va entendre…
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Samedi 7 mai deux mil onze. Arrivé tout à l'heure à Bordeaux, par grand beau temps, pour participer demain, au cours Xavier Arnozan, à l'hommage à Jeanne d'Arc dans le cadre des "journées régionales d'Aquitaine" qu'organise le RIF et ses très vaillants responsables régionaux, André Loubersac et Nicolas Lacave.
En attendant, très agréable dîner chez ma sœur et son futur mari, qui est un vieil ami (nous nous connaissons depuis bientôt quarante ans, fichtre !), envers lequel mon admiration croît encore. Il vient de publier une savante monographie sur Rameau, et je vois bien qu'il y aurait dans ses recherches et ses intuitions sur le compositeur, mais aussi le théoricien de la musique ( "l'ouïe est à l'origine de l'entendement parce que le son est le véhicule physique de la conscience, écrivit Rameau, de sorte que c'est en analysant la structure fondamentale du son, ce qu'il appelle le corps sonore que l'on dévoile les clefs qui ont permis la naissance des idées, la naissance des pensées, la constitution des langues"… ), il y aurait là, donc, ample matière à conversations savantes, et du plus grand sérieux - cela d'autant que le sujet me concerne d'assez près, en ce que j'ai de plus en plus nettement l'impression, en écrivant, en déroulant mes phrases, mes longues phrases, en acceptant et en mesurant mes répétitions, en ponctuant aussi, en soignant tant soit peu l'incipit comme la chute de chaque phrase, que je produis du rythme et du son, que l'ouïe intérieure travaille, et que, comme quiconque s'applique à l'écriture j'écris de la musique. Mais il y a, d'un autre côté, que je ne prise guère les conversations sérieuses, ce que j'ai dû finir par avouer à ma grande honte (ou plutôt, soyons honnête, à ma courte honte), ce qui le déçoit à juste titre. Mais voilà, dans une si douce ambiance familiale, et amicale (To. est là aussi), sur cette terrasse qui fait face à un beau parc aux multiples essences, tout embaumé à mesure que retombe le soir, je n'ai l'appétit d'aucune profondeur. Les sens avant le sens -c'est par là sans doute que je perdrai à la fois ma vie, et le paradis (A moins que, ces conversations sérieuses, mon cher Marc, bientôt mon cher beau frère, nous ne les gardions pour l'une de nos promenades, comme celles que nous faisions autrefois en Allemagne, à Darmstadt et Heidelberg, ou pour nos courses sur les hautes crêtes d'une montagne blanche…).
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Dimanche 8 mai deux mil onze. Bordeaux, donc, et cérémonie ce matin en l'honneur de Jeanne, au pied de la statue que j'ai toujours vue, droit pointée en haut de la rue Xavier Arnozan, face au cours de Verdun et du jardin public. La courte cérémonie, bouclée en une demi heure (dépôt ou plutôt élévation de la gerbe, qu'un gaillard monté sur une échelle installe dans les bras de Jeanne, afin qu'elle reste quelque temps bien en vue; minute de silence et discours, celui de Nicolas Lacave suivie du mien), est d'autant plus émouvante pour moi que je me souviens fort bien en avoir connue de semblables dans mon enfance. C'était chaque fois, alors, le même scénario : sortant de la messe de dix heures à Notre Dame, nous traversions, mon grand-père et moi, les allées de Tourny puis la Place des Quinconces, pour rejoindre une assistance qui était en ce temps-là nettement plus dense, devant la même statue déjà droit et fière - il y avait beaucoup de fleurs alors, et des chants, je crois…
Aujourd'hui, certes, notre petite troupe n'est pas ridicule, sans être très nombreuse -plus nombreuse en tous les cas que ne l'est celle des "contre-manifestants" venus crier le traditionnel "halte au fascisme", et que contiennent sur un trottoir une bonne douzaine de policiers. Les professionnels de l'antifascisme ne criaillent ni ne croassent si haut et si fort, que notre cérémonie en soit autrement troublée, leurs slogans tombant dans le dérisoire tandis que j'exalte la bergère résistante qui symbolise si bien le besoin qu'ont les pauvres d'un Etat légitime et d'une souveraineté populaire -je m'offre même le luxe de mentionner le bel hommage que lui rendit sur ce thème, voici quelques années, le "Jeanne, de Guerre Lasse" de Daniel Bensaïd, alors vice-président de la Ligue Communiste Révolutionnaire… Mais, bien sûr, ils n'entendent pas, ni ne connaissent plus Bensaïd, ni même n'ont réfléchi au sens de l'épopée johanique…
M'aura le plus frappé l'amabilité des uns et des autres, confortée par le petit verre que nous allons boire ensuite, à l'ombre de la porte Dijaud. Il y a là des royalistes, le dirigeant d'une association d'Anciens Combattants, des responsables locaux du Front National, dont le jeune et très "mariniste" responsable du Lot et Garonne, une dame fort aigue et dynamique qui vient de quitter DLR pour rejoindre le FN (une de plus!), et qui, quand elle apprend que nous acceptons et même encourageons la double appartenance, s'inscrit aussi au RIF; ainsi que, bien-sûr, les rifistes (si je puis utiliser ce mot), d'Aquitaine. Il fait beau, le ciel est serein et le moment aussi.
(Addendum 12 mai : reçois la coupure de Sud-Ouest qui rend compte de notre cérémonie du 8; l'article, sans méchanceté mais sans bienveillance, s'orne d'une photographie ensoleillée dont la légende "une vingtaine de militants du RIF étaient rassemblés sous la statue de Jeanne d'Arc" risque déplaire à certains de nos amis : il y avait aussi des militants d'autres mouvements, du FN notamment, et quelques personnes encartées nulle part, selon ce qu'il m'a semblé).
Puis, bon moment avec Ch., chez lui : il vieillit à son rythme, avec un peu plus de sérénité qu'il n'en avait il y a quelques années, à l'approche de ses soixante-dix ans, dont il était visible à nous tous qu'ils le paniquaient. Ce grand sportif a longtemps nié toute maladie et toute faiblesse, et les premiers signes d'âge l'ont désemparé. Est-il résigné à l'idée de ne plus faire ces grandes croisières à voile qui étaient sa raison ou du moins sa joie de vivre ? J'ai pensé à la tristesse que doit ressentir tout marin vieillissant, quand il ne peut plus prendre la mer… Lui aussi, je ne l'en aime que de plus en plus.
Après quoi, je prends la route pour Chabreville que je suis fier de parvenir à rejoindre par les petites routes -à l'aide d'une carte, grâce à quoi, cette fois, je ne me perds pas. Du coup, j'ai profité tout mon saoul des petites routes lumineuses des Charentes, parmi les champs dorés, les collines, les villages bien tenus aux volets peints de franches couleurs, aux églises romanes restaurées, aux trottoirs parsemés de roses trémières. A.F-A est arrivé de Paris peu avant moi, en sorte que nous rouvrons ensemble la grande maison -elle ne dormait que d'un œil, d'ailleurs, et je me suis émerveillé que les jets d'eau repartent aussitôt, malgré plus de plus six mois de sommeil et plusieurs semaines de grand froid -celui-ci a cependant laissé des traces : des pierres, près du bassin, sont fendues…