Mardi 3 novembre 2009 ; Mirebeau-les-Brumes.
Il semble que certains bons esprits prennent au sérieux le «grand débat national » sur l’identité de la France, récemment lancé par un sous-ministre, dont je ne retiens pas plus le nom que l’histoire ne le fera sans doute. Au sérieux ? Tout à l’heure, prolongeant ma sieste au delà de l’heure raisonnable, je regardais mollement, à la télévision, la séance des questions orales au Gouvernement ; on aborda la question du jour ; seul le Premier ministre dit de belles choses, sur l’honneur que trouve chaque homme quand il sait endosser les héritages de l’Histoire, sur la nécessaire fierté nationale, etc. Un peu convenu, certes, et surtout décalé : qu’est d’autre l’identité de la France si ce n’est une civilisation propre, dont le cœur est une langue, un code de valeurs et une mémoire (volet culturel), et,
pour assurer sa prospérité, la protéger et la faire rayonner comme « voix dans le monde », une politique propre, et pour commencer une souveraineté ? Or, voilà bien justement ce dont ces messieurs n’ont plus le moindre souci : langue française, imaginaire français, mémoire de l’histoire de France, souveraineté, singularité de notre voix dans le monde, ces cœurs là de l’identité, comme ils disent, ils les larguent en sifflottant. On est dans la confusion intellectuelle, ou l’imposture.
( Il était d’ailleurs frappant que presqu’aucun élu n’écoutait les autres - nul n’étant mieux placé que ces messieurs-dames pour savoir que, quoi qu’ils disent, cela n’a pas la moindre importance.)