Mardi 11 mai 2010 ; Mirebeau.

Publié le par Paul-Marie Coûteaux

Voici des jours que je lutte de toutes mes forces pour ne pas rallumer le chauffage; ai résisté toute la fin de semaine, sur ce point, à un gang de bordelais frigorifiés…

Le dévissage rapide de l'euro et, bien plus grave, de la zone euro, semble étonner tout le monde. Il n'était pourtant pas seulement prévisible politiquement (cf. ce que j'écrivais hier sur ce journal), il l'était aussi techniquement : Les bons esprits qui rivalisèrent d'hommages à Philippe Séguin ont, bien entendu, oublié l'un des premiers arguments qu'il opposa en 1992 au traité de Maëstricht créant une monnaie unique : la théorie des chocs asymétriques. Comme bien d'autres économistes, il jugeait dangereux d'imposer un même instrument monétaire à des économies, des nations, et des Etats aux santés, aux structures et aux mœurs si différentes que l'étaient les pays européens; en cas de choc, les situations seraient si disparates qu'elles appelleraient des politiques différentes, voire opposées -ce qui s'avéra avec la crise ouverte en 2007, la solide Allemagne campant sur un euro fort tandis que des pays du Sud, pour commencer la Grèce, empêchés de dévaluer, s'affaiblissaient à mesure, sans rebond possible. Par ces maillons faibles, toute la zone se trouve finalement en péril, d'autant que la cure d'austérité, derrière les satisfactions comptables données aux oligarchies bruxelloises, ne fera que précipiter leur déclassement, spirale sans fin au bout de laquelle la belle idée versera tôt ou tard dans le fossé.

Publié dans Extraits du journal

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