Lundi 10 mai 2010 ;

Publié le par Paul-Marie Coûteaux

Mirebeau sous les glaces - les saints de glace s'octroient cette année une bonne dizaine de jours de règne…

 Toute l'Europe est en émoi, sauf les souverainistes qui voient sous leurs yeux la confirmation de tout ce qu'ils pensaient et tentaient de dire depuis les premières esquisses de cette folie que fut l'euro. Outre la faillite de la monnaie, l'affaire grecque révèle d'autres faiblesses du fédéralisme dont l'euro est, ou était, le fer de lance : l'existence de deux Europe, assez nettement délimitées par le Rhin, cette indépassable frontière entre des cosmogonies incompatibles –cela pour une multitude de raisons dont le monumental ouvrage de B. Dutheil de la Rochère "Les Civilisations occidentales" (Economica - 2009) a référées à l'héritage romain. Dix années au parlement européen m'ont sans cesse confirmé l'omniprésence d'une fracture que les auteurs des traités prévoyaient assez pour instaurer des règles très strictes, les fameux critères de convergence, mais aussi l'interdiction formelle, fixée à Maëstricht et reprise à Lisbonne, de tout aide communautaire ou prêt bilatéral à un pays de la zone euro. Toutes ces règles présentées comme indispensables ont volé en éclat sous la pression de prévisibles réalités, comme volera en éclat le projet dont elles étaient les nécessaires garde-fous. La réponse : "la Grèce paiera" –moyennant des milliards d'aide- est évidemment dérisoire face à ce constat fondamental d'incompatibilité. Il est d'ailleurs probable que l'Allemagne en a fait le constat en refusant la prise en charge des pays déficitaires. Il est manifeste qu'elle a désormais décidé de prendre ses dividendes européens, déjà considérables, et de quitter la table.

 

La dislocation de l'euro ressort à une plus profonde logique : l'appartenance à un ensemble politique et monétaire dont le centre de direction est lointain, sans visage, et pour ainsi dire étranger, désarme toute discipline, disloquant le sentiment d'un bien commun, dont on ne sait plus d'ailleurs s'il est national ou communautaire. Les Grecs, comme les pays latins ont dépensé en sifflotant une monnaie qui leur était fondamentalement étrangère… Qui gouverne ? Trichet, président de la Banque centrale européenne (Francfort) ou Von Rompuy, président du Conseil européen (Bruxelles) ou Barroso, président de la Commission européenne (Bruxelles) ou Junker  président de l'eurogroupe (Luxembourg), ou Madame Merkel, chancelière d'Allemagne (Berlin), mais, aux yeux des Grecs comme de bien d'autres, aucune de ces autorité n'est légitime : pourquoi se plier à leurs disciplines ? L'autre jour des Grecs faisaient observer que l'Allemagne, pour commencer, serait aviser, avant de distribuer ses oukases, de payer ses dommages de guerre. Mais cela aussi, nous l'avions dit et écrit sur tous les tons -moi-même dans l'Europe vers la Guerre, en 1997...

Publié dans Extraits du journal

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