Semaine 24/2011 (du 13 au 19 juin)

Publié le par Paul-Marie Coûteaux

Lundi 13 Juin deux mil onze; Mirebeau. - Toujours la même inquiétude le jour du départ pour Paris, d'autant que je dois cette fois demeurer là-bas une douzaine de jours, peut-être davantage. Que d'agitations en perspectives, volées aux soirs de juin, aux fleurs du jardin, volées aussi à la compagnie quotidienne du général de Gaulle. Sur le sujet, j'arrive au bout de l'énorme biographie de Paul-Marie de la Gorce (plus de mil quatre cent pages, les huit cent miennes paraissent maigres à coté ! ) après m'être beaucoup interrompu ces jours-ci pour lire la douzaine d'ouvrages que m'ont envoyés les invités de Courtoisie avec lesquels je dois converser au cours des émissions à venir. Mais le gros morceau du programme parisien est autre : il faut faire avancer l'Alliance, moyennant une autre kyrielle de rendez-vous; à cela s'ajoutent mes pauvres affres financiers et autres complications que je traîne comme un boulet depuis vingt ans et plus, et dont la pièce ne se joue qu'à Paris.  Comme toujours, dispersion éprouvante, dont il est à craindre que  la régularité de ce journal ait à souffrir; je crois bien que je vais déroger à sa neuve régularité, et me contenter de notes que je retranscrirai ici plus tard…

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Mardi 14 juin deux mil onze. -Paris. - Mon agenda est déjà couvert, conformément à la règle du mois de juin, toujours surchauffé, avant le retombement du creux de l'été -le beau juin qui, sans cette circonstance, pourrait être si charmant… Pour commencer, j'ai dû affronter ce soir deux dîners, l'un suivant la petite réunion "porte ouverte du RIF", qui, organisée par Charlotte T. de main de maître (ou de maîtresse ? : on dit bien une maîtresse de maison; la question de la féminisation flotte toujours…), s'est fort bien passée; on vit même se révéler les talents oratoires d'un très jeune homme, Aurélien F., nouvelle recrue du RIF dont je gage qu'il ira loin… Il y avait d'ailleurs là plusieurs jeunes gens que je n'avais jamais vus, et qui paraissent avoir très bien compris l'idée de ce que nous appelons maintenant, après l'Union, l'Alliance -sur ce point aussi la dénomination flotte. Celle-ci brise tant de vieilles fixités qu'elle n'est pas encore comprise par tous, beaucoup ne comprenant pas que notre alliance présentera sous un nom unique un candidat commun; et nombreux sont encore ceux qui hésitent à se porter candidat : la soirée aura sans doute un peu fait évoluer les esprits.

Puis, vers minuit, second dîner avec C. et E., lequel est accompagné d'un gendarme omanais et d'un perspicace journaliste; rendez-vous avait été pris dans ce qu'il appelle son club et qui est un bel endroit, comme il s'en voit à Paris -rien de plus chic que cette cour à palmiers où des serveurs joyeux virevoltent jusqu'au milieu de la nuit, avec ce que la nuit permet de liberté de ton et d'allure. C'est le beau Paris, baignant dans un sentiment irréel de prospérité qui ne se rencontre plus que dans les beaux quartiers, mais en impose d'autant. Comme il est facile, en ces lieux, de fermer les yeux sur les difficultés et souvent la pauvreté de ses contemporains !

Deux heures trente, donc : j'écris cela après être revenu à pied de ce second dîner, traversant la nuit à peine attiédie parmi les encombrements de promeneurs, de couples et de fêtards, nombreux en ce moment de l'année, surtout en ces quartiers de la rive droite, où même la nuit, la promenade n'est plus calme. Partout les marques du relâchement contemporain : le Pont des Arts était jonché de traces de pique-nique, de bouteilles de vins et de canettes de bière, absolument privé de la féerie qu'il offre, entre le Louvre et l'Institut de France, quand tout baigne dans la brume, les lumières diffuses, et la solitude des nuits d'hiver… Paris est plutôt faite pour l'hiver, comme je l'ai toujours pensé.

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Mercredi 15 juin; Paris. - Rapide inflation dans les tics du langage contemporain, de l'adjectif "vrai";  l'horripilante ritournelle "c'est vrai que" confirme année après année  sa suprématie, mais voilà que s'y ajoutent désormais des successions de vrais  répétés jusqu'à la nausée : untel assure qu'il a une "vraie envie de connaître l'Italie", un autre que "trucmuche est un vrai candidat", que telle question est bien entendu une "vraie question"; les vérités de pacotille s'enchaînant ainsi jusqu'au vertige; j'ai même ramassé tout à l'heure cette perle : "c'est vrai que c'est un vrai problème de savoir si l'on va mener un jour une vraie politique de l'emploi" - à défaut de mener une authentique politique de la langue et de l'enseignement, sans doute… Comme toujours, ces tics signalent un manque : un monde sans vérité, un monde en toc.

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Jeudi 16 juin deux mil onze; Paris. - Recevais hier, "à Courtoisie", Yvan Blot pour un excellent ouvrage sur la démocratie directe - "L'Oligarchie au pouvoir" (Economica); c'est peu dire que je me sens en accord avec cet homme, dont je m'étonne d'avoir fait la connaissance si tardivement -il me permet de me rattraper en acceptant la demande que je lui fais aussitôt d'être vice-président du RIF. Non seulement nous nous accordons sur son actuel sujet de prédilection, la démocratie directe, et notamment la nécessité du référendum d'initiative populaire (à l'évidence le meilleur moyen de réintroduire un peu de démocratie au milieu des omniprésents systèmes oligarchiques), mais nous nous retrouvons aussi sur bien d'autres; je découvre en particulier qu'il est, davantage qu'un politique ou un administrateur (le ministre de l'intérieur lui a confié d'importantes tâches, je crois), un bon connaisseur des principaux philosophes politiques - sa dilection pour Platon a de quoi me réjouir et l'utilisation qu'il fait du Gestell heidegerien, l'arraisonnement  utilitaire de toute activité humaine, est vraiment éblouissante. L'ouvrage de Blot est un bel exposé du troisième totalitarisme du XXème siècle, plus durable que ne le furent le nazisme et le communisme en ce que le Gestell occidental, formulé par l'utilitarisme anglo-saxon formulé voici plus de deux siècles et devenu celui de  civilisation atlantique toute entière, tire une force inépuisable de son cadenas suprême : l'impératif de jouissance, qu'il appelle liberté. L'idéologie de la "gouvernance démocratique", autrement dit le gouvernement des oligarchies, est décrite par le menu, et l'on voit clairement que rien ne peut limiter son ubris, sinon la réhabilitation de ce qu'elle tente de pulvériser, la notion de peuple. Tâche difficile, mais  la seule menace est bien ce qu'elle appelle "populisme".

A l'émission du soir, qui est diffusée en direct, nous recevons Gilbert Collard, dont le genre est tout différent, et dont la verve n'est pas dépourvue d'efficacité; ainsi que le délicieux colonel (de gendarmerie) Fabrice Fanet -autre nouvel adhérent du RIF : ils sont ces temps-ci plus nombreux qu'ils ne le furent jamais; et la non moins délicieuse Laurence de Rosen, psychanalyste new-yorkaise venue nous présenter l'imposant "Cahier Rouge" de Jung, dont nous commémorons ainsi, comme ne le fait aucune autre radio ce semble, le cinquantième anniversaire de la disparition. Ce grand cahier, si lourd qu'on a peine à le porter, est une curiosité bouleversante : l'autre "père de la psychanalyse" y a régulièrement porté la description de ses rêves, accompagnée des dessins ou des images qu'ils lui ont inspirés. Hélas nous ne trouvons qu'à peine le temps d'effleurer les concepts d'archétype et de psychologie collective que je voulais traiter : je crois que nous avons, chaque fois, Marie-Joséphine et moi, trop d'invités et que cette boulimie nuit à la qualité de nos émissions. J'ai peur que la plupart repartent frustrés comme je le suis souvent, me promettant de lire davantage sur l'un ou sur l'autre. Trouverai-je jamais le temps de lire aussi Jung !

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Jeudi 16 juin deux mil onze; Paris  (suite). -  J'oubliais, dans le compte rendu de la journée d'hier (mais comment rendre compte de chaque rencontre parisienne ? Hier, nous avons enregistré trois émissions, réunissant au total quatorze invités, et chacun a compté… ), la rencontre du professeur Rouvier, fameux personnage avec lequel sa fille, Catherine Rouvier, spécialiste de Gustave le Bon (un autre auteur à lire !), a tenu à organiser un hélas trop rapide déjeuner : grand plaisir et curiosité mutuelles, m'a-t-il semblé,  au point que je m'enhardis assez pour l'adjurer d'écrire ses mémoires; mais comme ce déjeuner fut court… Une fois encore, il faut quitter les êtres en restant sur sa faim. Comme Paris déborde et gâche les trésors !

(mais je me rends compte qu'il faudrait aussi relater mes rencontres d'aujourd'hui, à quoi, fourbu dès minuit (et obligé encore d'aider B. a rédiger un petit discours à l'occasion du mariage de sa sœur), je renonce décidément : si je ne trouve pas six bonnes heures de sommeil, je ne suis, le lendemain, plus bon à quoi que ce soit qu'à expédier les rendez-vous, et renvoyer les balles en désordre - récurrent  problème de toute ma vie à Paris…

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Vendredi 17 juin deux mil onze; Paris. -A Paris, justement, je n'aime rien tant que les moments qui suivent le déjeuner, quand, au sortir du restaurant, l'agenda est libre -je ne prends pas de rendez-vous avant 15h30, ménageant une déambulation digestive qui est comme une sieste. Hier après-midi, par un joli temps clair et frais, je fus pris d'une sorte d'euphorie curieuse en rentrant du Palais Royal, après un déjeuner, avec mon frère, chez "Alfred", le restaurant d'Abitbol. Etait-ce les êtres ? Stanislas était très en forme, d'une sérénité croissante, d'une étonnante distance avec les plaisirs, les choses et les êtres, dont il est manifestement revenu; et Alfred-William Abitbol toujours en verve, sa conversation aussi drôle que je l'ai toujours connue, et profonde. Etait-ce l'amusant dialogue qui suivit avec eux deux ? William prétend que la politique s'est définitivement évaporée, qu'elle n'est plus une occupation digne, que les valeurs du commerce ont tout envahi, acceptation de la dictature, placide et fleurie de traits d'humour que j'ai notés, dont je ne me souviens déjà plus (avec Abitbol, il faudrait tout noter, je l'ai toujours pensé et ne l'ai jamais fait), à laquelle Stanislas adhère et qui fait entrevoir ce que je n'ai jamais vu : la possibilité de la vie sans l'Histoire, d'une indifférence qui pourrait être un ultime refuge -il me semble que je devrais alors vivre à l'étranger... Désertion : possibilité  d'une autre vie, d'une vie sans souffrance politique, toujours à portée de main.

Ou bien était-ce la beauté des lieux ? Louvre, Tuileries, Pont royal, ce plein Paris d'Ancien régime est toujours somptueux. Suis ensuite passé rue de l'université prendre des nouvelles de mon excellent médecin L., qui m'en a donné de bonnes, de lui-même ainsi que de moi -du moins de mon corps, dont je m'étonne qu'il soit encore le mien, après tant d'avanies, et qu'il me soit en somme aussi fidèle, au point que je ne vais peut-être pas en changer tout de suite.

Ou l'euphorie vient elle seulement de se sentir en vie ? Rentrant à Saint Sulpice, je m'étonnai d'avoir si bien survécu à tant de dangers et d'avanies, ne me reprochant qu'une chose, travailler beaucoup trop. Tout vit, tout survit, c'est plus fort que tout -me revint une phrase du Général, "depuis qu'elle parut sur la terre, la vie mène un combat quelle a toujours gagné", l'une des plus simples et des plus belles, des plus chrétiennes en tous les cas, qu'il ait jamais écrite. Sentiment d'une vie insubmersible, dans une ville et une nation eux aussi insubmersibles, ni la vie, ni la ville, ni la nation n'ayant besoin de moi. Détente extraordinaire.

J'eus même droit, avant de rentrer au vieux colombier pour recevoir une autre jeune et prometteuse recrue du RIF, à une conversation politique fort réconfortante avec mon pharmacien : comme il est de Français qui, malgré tout et malgré tant de propagandes, voient clair ! Optimisme de l'époque : mélange du sentiment d'un désastre imminent et d'une résurrection certaine. (

Le soir, en complément, la réunion avec mes amis du jeudi fut réussie  -une fois encore, j'ai pris des notes que j'ai perdues… Rentrant vers minuit, écouté avec B. Sarah Waughan : "What a difference a day makes, twenty for little hours"…

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Samedi 18 juin deux mil onze. Paris. - Les choses vont décidément fort mal pour les idéologues du dépassement des nations, europiomanes et cabris de tous poils -comme elles vont mal pour ceux qui les ont écoutés, ou ceux qui, quelque NON qu'il aient pu dire, les ont simplement subis…  En un mot, tous les piliers de la prétendue construction européenne s'effondrent les uns après les autres - aux bons soins de l'Allemagne, d'ailleurs, notamment sur la politique étrangère commune, et très notamment sur l'affaire libyenne; mais aussi sur l'euro, que Berlin, qui a encaissé ses dividendes, a bien l'air de laisser tomber une bonne fois pour toutes; tout ceci n'étant d'ailleurs que très conforme à nos prévisions… 

Mais, pour détruire la fameuse "Construction", tout s'en mêle : voici quelques semaines, le fier gouvernement du Danemark a annoncé le rétablissement permanent des contrôles douaniers à ses frontières avec l’Allemagne et la Suède, afin, dit explicitement le gouvernement danois, de lutter contre l’immigration illégale et la criminalité organisée. Valeurs Actuelles parle d'un "coup de tonnerre dans le landernau européen, à un moment où les institutions bruxelloises peinent plus que jamais à trouver la parade qui permettrait aux Etats membres de l’espace Schengen de se protéger des arrivées de migrants provenant de toutes parts, de l’Afrique du Nord à la frontière gréco-turque". Vingt-six ans après la signature, le 14 juin 1985, des accords de Schengen entre les cinq premiers États signataires (signature qui fut clandestine, ou du moins secrète, puisque lesdits accords n'ont été annoncés qu'au moment de leur mise en application, plusieurs années plus tard, les peuples ayant été mis devant le fait accompli), la patrie d'Andersen fait vaciller l’un des dogmes les plus solides de l'"Europe" : la liberté de circulation des biens et des personnes. Je gage d'ailleurs que le rétablissement des frontières va peu à peu se généraliser, l'actuelle explosion migratoire y pourvoyant à mesure…

L'affaire comporte un codicille très politique : pour les observateurs  de la vie politique danoise, cette initiative n’est guère surprenante venant d’un gouvernement de minorité de centre-droit qui, à cinq mois d’élections législatives, cherche à s’attirer les bonnes grâces du très influent parti populiste de droite, le Dansk Folkeparti - Parti du Peuple danois; avec 13% des voix, ce dernier dispose d'un groupe parlementaire au Folkestein, et ses exigences obligent le parti libéral du Premier ministre Rasmussen à composer. C'est tout ce qu'il faut obtenir en France…

 

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Dimanche 19 juin deux mil onze. Paris. - Comme d'habitude, les choses s'enchaînent et m'enchaînent sans me donner le temps d'en dire fût-ce deux ou trois mots sur ce journal, ce qu'il me reste de for intérieur étant investi de toutes parts : il y aurait pourtant long à dire sur la manifestation, hier samedi, en faveur de la langue française; et sur le dîner avec François M. qui suivit, et du déjeuner, aujourd'hui, avec Oskar Freysinger que Jean Robin et sa compagne eurent l'amabilité d'organiser chez eux pour que nous nous rencontrions au calme (et certes, je suis heureux de connaître cet homme valeureux, souriant, conquérant, plein de force et de poésie -une force tirée de sa poésie, justement). Comme il y aurait beaucoup à dire sur la grande après-midi, dite "fête de radio courtoisie", porte de Champerret, qui fut un tourbillon de rencontres, la plupart fort encourageantes : on semble comprendre en général l'entreprise de réconciliation des nationaux que nous ébauchons, et qui n'attendait au reste qu'un déclic, ce déclic étant sans grand doute le coup de jeune que Marine donne à son mouvement. MJS, je ne sais pourquoi, trouva le moyen d'installer entre elle et moi un quidam, mais nous reçûmes tout de même de l'agréable monde au stand du "libre journal de la nuit", comme nous vendîmes moult de nos livres et enregistrâmes de surcroît quelques nouvelles adhésions au RIF. (A noter, parmi les lecteurs comme parmi les adhérents,  une  proportion de jeunes qui fait mon bonheur -par "jeunisme", si l'on veut être caustique, mais surtout par la joie d'imaginer que je n'aurai peut-être pas fait en vain tout ce que j'ai fait. Beaucoup à dire aussi sur le court dîner avec E. ce soir, mais de cela non plus je n'ai plus la force.)

Minuit. Deux mots tout de même sur la manifestation qu'Albert Salon et la fine équipe d'Avenir de la Langue française ont organisée hier, place du Panthéon, avec défilé dans le quartier latin : Boul'mich, rue des Ecoles, Jussieu… Il s'agissait de protester contre les menées de la dame Pécresse pour autoriser, et même promouvoir l'anglo-américain comme langue d'enseignement dans certaines filières de l'Université française -ainsi, le coeur même de la France, sa matrice intellectuelle s'américanise par décrets ministériels. Un millier de personnes ont protesté contre cela, quand ce devrait être des millions : les Français et leurs élites sont résignées à la servitude, et souvent la demandent, ne faisant pas le lien entre leurs difficultés et la disparition de toute fierté nationale, ne serait-ce que de tout souci national : que faire d'un peuple résigné à l'esclavage ? Je fus heureusement surpris, cependant, de la présence de Jean-Pierre Chevènement et du fait qu'il prit part au défilé presque de bout en bout, soit qu'il prépare réellement sa candidature soit qu'il soit sincèrement indigné par la constante braderie de notre langue (surpris aussi par la froideur dont ledit Chevènement entoure sa courtoisie depuis que, visiblement, il me tient pour quelque chose comme un fasciste : si je connais ses fixations sur le sujet, qui sont d'un autre âge, c'est-à-dire du sien, je ne pensais pas que cet homme, que je connais depuis un soir de 1975, tandis que j'étais étudiant à Bordeaux,  serait un jour gêné de se trouver à mes cotés, tandis que nous défilons côte à côte à la tête d'un cortège descendant le boulevard saint Michel; la vie réserve de ces surprises…) Noter en second lieu la proportion de militants du Rassemblement Wallonie-France (RWF) derrière son président Paul-Henri Gendebien, qui confirme une fois encore, comme je le pense depuis des années, que la question belge est nettement l'épicentre de la bataille du français. Mais que de choses faudrait-il dire aussi sur tous ces vieux militants du français, si divers mais unis sur cette place du Panthéon où prennent la parole tour à tour une vingtaine d'orateurs; et sur le dévouement de l'ambassadeur Albert Salon, maître et cheville de la manifestation, coeur aussi vaillant que je l'ai toujours connu (lui, en 1981, je crois), et doté à mes yeux de tous les grades de la légion de l'Honneur.

Les badauds nous regardaient avec sympathie, certes, mais hélas au sens étymologique de ce terme : ils souffraient plus pour les défenseurs de la langue que pour la langue elle-même…


Publié dans Extraits du journal

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