Mercredi 5 janvier 2011; Paris. Vœux.
Ecrire 2011 a plus belle allure qu'écrire 2010, qui faisait plat -et, je ne sais pourquoi, moderne. Ce 11 a comme un parfum d'Histoire. Ah, qu'elle avance, l'Histoire, c'est tout mon vœu pour l'année nouvelle.
En fait de vœux, je recopie ici ceux que j'adresse à nos amis, en forme d'édito de la lettre du RIF de ce mois -ci:
" Que tous nos adhérents et les abonnés aux Cahiers, tous nos amis et nos alliés trouvent ici l'expression de mes vœux les plus fervents pour que cette année nouvelle leur apporte des jours heureux, et de nombreuses satisfactions, non seulement personnelles et familiales, mais aussi politiques. Rien de cela n'est sans prix d'ailleurs, tant il est vrai que le bonheur privé comme la réussite politique ne sont jamais que le fruit de l'effort, de l'opiniâtreté et, plus que tout, du courage, en somme une certaine raideur qui n'entre pas dans les manières d'un temps où l'impératif de jouissance propre à la décivilisation consumériste et mercantile recouvre tout. Nous ne réussirons que si nous savons former un phalange, l'éternelle poignée d'âmes fortes de la res-publique sans laquelle nos analyses et nos causes, aussi solides soient-elles, resteront inopérantes. Ah, certes!, nous sommes entourés d'esprits lucides, y compris parmi nos élus, mais la pusillanimité et le laisser-faire désabusé, et quelquefois désespéré les prive de toute influence sur la marche des choses. L'action politique est une ascèse, et finalement une morale : de cette génération morale, la France, qui toujours fut construite et portée par quelques uns, éprouve chaque année davantage un besoin impérieux. Je souhaite a chacun de trouver en lui-même ce courage de chaque jour qui seul fait les véritables hommes d'action.
L'année 2011 s'est ouverte sur une satisfaction inattendue : en présentant ses vœux à la Nation, le Chef de l'Etat a éprouvé la nécessité de répondre "à ceux qui envisagent l'éclatement de la zone euro", ajoutant que celle-ci signifierait la fin de l'Europe -mélangeant les deux choses comme à l'accoutumée, il voulait dire la fin de l'Union européenne. C'était là entrer entièrement dans notre problématique, ce qui eut été impensable il y a quelques mois encore: que de progrès accomplis en 2010, et comme est grande la nécessité pour nous d'être raide sur l'essentiel. S'il est inévitable que la zone euro éclate Citons M-F Garaud : soit des pays structurellement en faillite la quitteront pour retrouver des marges de manœuvre, soit l'Allemagne le fera du haut de sa prospérité, de sa puissance et de souveraineté retrouvée. La France ferait bien de faire de même tant ces déséquilibres structurels lui coûtent cher (et coûtent cher à chaque Français, détail qui lui est soigneusement caché). L'Union européenne est comparable à un restaurant où dînent abondamment une bande d'amis : ce sont les derniers partis qui paieront l'addition…
Dans ces circonstances nouvelles, notre ligne politique cardinale, je veux dire la libération de la France des carcans supranationaux en tous genres, doit être de plus en plus clairement affichée. Le RIF a édité l'an dernier un tract sur le sujet : il faut le diffuser plus largement et sans relâche. Je sais que des thèmes et revendications adjacentes se font jour, ici ou là, d'ordre plus identitaires que politiques : mais c'est mettre la charrue avant les bœufs. Les premiers Capétiens ne se préoccupaient pas de l'état d'abandon des vestiges mérovingiens, ou de la tenue vestimentaire de ceux qui n'étaient pas chrétiens : ils ont bâti un Etat et cet Etat fut et demeure encore le seul instrument capable de protéger la nation et la civilisation françaises. Politique d'abord. Indépendance et souveraineté de l'Etat d'abord : de là tout découlera.
A ce sujet, je voudrais faire une mise au point. Je sais que nombre de Français légitimement préoccupés par l'avenir de la France font porter leurs interrogations, et leurs angoisses, sur ce qu'il est désormais convenu d'appeler, d'un mot bien équivoque, l'identité. Celle-ci serait remise en cause par le communautarisme en général et le communautarisme musulman en particulier. Or, pour important, et grave que ce soit ce phénomène, il n'est que le dérivé d'un abandon national qui est d'abord politique. Or, c'est parce que la politique est aujourd'hui en perdition que les Français perdent de vue la France, nation politique par excellence, et se laissent si aisément subvertir par des civilisations différentes, restant face à elles sans réactions, incapables de faire valoir leurs intérêts et leurs principes propres au nom d'une préférence nationale qui, pour tout Etat qui en est un, devrait aller de soi. Au reste, chacun peut faire l'expérience : allumez un poste de télévision, vous n'y verrez pas un imam prêchant depuis l'Arabie séoudite, mais des flots de feuilletons états-uniens; allez dans les universités, vous n'entendrez pas les cours dispensés dans certains 3ème cycle en arabe, mais en anglo-américain; et nos églises ont été vidées au fil du XXème siècle non par des conversions musulmanes, mais par un athéisme qui est inscrit dans le matérialisme d'une civilisation atlantique lentement installée en Europe, colonisant nos esprits, occupant nos jours, coupant les racines de nos peuples. Il faut regarder l’islamisme ni comme une menace indépendante de l'impérialisme atlantique ni, bien sûr, comme son antidote, mais comme l’un de ses effets. L'intégrisme musulman fut et demeure instrumentalisé par l’Empire, en Afghanistan et ailleurs, à l’enseigne délétère d'un choc des cultures qui est d'abord choc des incultures, ou des déculturations. Les empiètements et provocations islamistes seraient impossibles, ou faciles à traiter, sans la grande déculturation politique de nos
générations amnésiques. La dérive du souci de souveraineté vers l'obsession identitaire ne fait que s'installer d'ailleurs sur les rails soigneusement balisés de la pensée dominante, de plus en plus racialisante : que l'on songe aux opérations de F. Mitterrand lançant SOS (organisation bien nommée; c'est le racisme qu'il fallait sauver, dans un pays qui ne l'était pas….), ou bien aux incantations à la diversité de M. Sarkozy et des siens, à la discrimination positive, à cette ignominie qu'est la Halde : tout cela a pour but de faire glisser la préoccupation cardinale des Français libres, l'indépendance de la France, sa capacité à mener une politique propre dans le monde, l'autorité de son Etat face aux oligarchies économiques et financières, vers des débats qui ont pour premier effet de diviser notre peuple en autant de logiques communautaristes, et de brouiller l'essentiel.
Ces différents points : préparer la reconquête de notre indépendance, monétaire, économique, diplomatique, militaire et finalement politique; ne pas corrompre notre mission essentielle par des préoccupations ou des messages adjacents, supposent une pensée claire, un travail théorique sans lequel nous nous condamnons à labourer la mer. Il n'y a pas de politique digne de ce nom sans une pensée du monde, qui seule peut lui donner cohérence et grandeur. A l'heure où s'effiloche de toutes parts une génération politique qui fit du dépassement des nations par la mondialisation, par l'Europe et par l'euro un credo unique et agressif, il est urgent de former une relève politique : ceux que l'on nomme dédaigneusement populistes parce qu'ils croient au droit des peuples, souverainistes parce qu'ils croient à la souveraineté et la liberté des nations, seront pourtant, tôt ou tard en charge du relèvement national. C'est l'ambition des Cahiers de l'Indépendance, revue trimestrielle ouverte aux patriotes de tous les horizons, que de former cette génération nouvelle à l'enseigne de l'indépendance d'esprit et de la liberté des nations. De ce point de vue, outre que je considère comme anormal que des membres du Rif ne soient pas aussi des abonnés aux Cahiers, et qu'ils n'aient pas toujours le souci de les diffuser et de les faire connaître, j'attache une importance toute particulière à la grande réunion que nous organisons jeudi 6 janvier à l'Assemblée nationale, en partenariat avec DLR. Cette journée, dont le déroulement précis et les conditions d'inscription sont indiquées ci-après sera pour nous une date : j'ai hâte d'y retrouver nombre d'entre vous, et de retrouver chacun, sur les remparts au cours des mois à venir.
Retrouvez la lettre du R.I.F.: