Samedi 6 février 2010 ;

Publié le par Paul-Marie Coûteaux

Mirebeau, bien entendu. Sur l’Europe et son rejeton l’euro, tout est au clair à présent, tout de ses échecs est sur la place publique, et, comme je l’ai relevé dix fois déjà, tout ce que nous disions est confirmé au grand jour, aux détails près !

1. L’Europe, depuis l’entrée de la Grande-Bretagne et surtout la réunification allemande est dominée par le Nord, je veux dire les Anglo-saxons et leur conception ultra-mercantile du monde, en sorte que toute l’Europe du Sud, France avec est sous leur domination, la domination de leurs manières de voir, de leurs méthodes, de leur droit, et de leurs intérêts –l’entrée de l’Espagne n’y a rien changée tant ce pays est depuis trente ans aliéné. Cela, je l’ai écrit, dit, et répété sur tous les tons. Le résultat est d‘ailleurs là : tous les pays du Sud flanchent les uns après les autres ; après la Grèce, le Portugal, bientôt l’Espagne ; l’Italie ne va pas mieux, pour ne rien dire de la France… C’est par ces « maillons faibles » que l’Europe dite unie est en train de s’effilocher, tous les comptes et recomptes en témoignent, au point que la sortie, je veux dire la délivrance de l’euro sera tôt ou tard inévitable (j’ai fais un gros pari là-dessus avec Me D.P.),  et tout cela était prévisible, bien.

2. Le brave Nicolas Baverez, qui, après Chirac, espérait tant en Sarközy (je mets un tréma, car il est désormais évident qu’un aventurier des Carpates sera toujours un aventurier des Carpates, même s’il s’est posé à Neuilly), répète sur toutes les radios un petit tableau qui vaudrait condamnation de toute l’entreprise européenne, s’il avait le courage d’aller au bout du raisonnement. Le tableau est simple –je l’ai entendu commenter sur deux radios différentes, car en bon européiste il a le droit, lui, de condamner « l’Europe » : calculé en moyenne annuelle sur la dernière décennie, le taux de croissance mondial est de 3% environ (j’arrondis) ; pour l’Asie, il est de 6% ; pour les Etats-Unis, de 2% ; pour les pays de l’UE : 1%. Quand on pense à ce qu’ont raconté vingt ans durant, depuis les premiers pas de Maëstricht, les tenants de l’intégration européenne, de l’euro, et de la « stratégie de Lisbonne » (arrêtée dans cette funeste ville en l’an de grâce 2000 et qui devait en dix ans, en 2010, donc, porter l’Europe à la pointe de la recherche, de l’innovation et de la croissance mondiale), quand on pense la monnaie unique devait nous d »livrer du chômage (sic : Michel Barnier en 2001), et que, alors même que nous les avons suivis, nolens volens, l’Europe est en train de sortir de l’Histoire, on pourrait espérer que les petits Barroso et leurs rêves d’ « Empire pacifique à l’européenne » aient la dignité de se tirer une balle dans la tête au fond de leur bunker…

3. La déréliction européenne est telle que le dernier secours de la Grèce pourrait bien venir… de  la Chine ! On ne voit pas ce qui vaudrait plus sûrement condamnation de la prétendue Europe Unie que cette simple hypothèse : elle montre ce que nous avons toujours dit (moi depuis l’Europe vers la Guerre, en 1997), savoir que la solidarité européenne était un leurre, que l’euro créait au contraire les conditions de la discorde puisque l’on imposait une monnaie unique à des peuples dont les rythmes de croissance, les politiques, les pratiques les mieux ancrées étaient différentes (cela, c’est Philippe Séguin qui le disait, j’en sais quelque chose), était vrai et ce que les drogués de la supranationalité mentaient.

Or, que n’avons nous pas entendu ! Quand, à propos de la stratégie de Lisbonne j’avais dit, lors d’une de mes premières interventions devant le Parlement européen, qu’il s’agissait d’un « enfantillage », mes collègues m’avaient ri au nez : quel amateur, ce petit Français, d’où vient-il ? Il ferait mieux d’écrire ses livres (on me l’aura assez dit…). Et qui ne se souvient de l’infâme Jacques  Delors répétant aimablement, pendant la campagne de Maëstricht que les adversaires de l’euro devaient changer de métier : eux, hélas, n’en ont pas l’idée, alors qu’ils ont fichu par terre les dernières chances qu’avait l’Europe de figurer à sa place dans l’histoire du XXIème siècle, en misant sur la richesse de civilisation, la diversité et l’inventivité de ses nations… Or, il n’est pas un des gnomes de Bruxelles qui ait l’idée de démissionner –pas davantage que quiconque aura celle, pourtant naturelle, d’organiser à notre attention un triomphe à l’antique sur les Champs Elyséens…

Publié dans Extraits du journal

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