Lundi 2 novembre 2009 ;

Publié le par Paul-Marie Coûteaux

Retour à Mirebeau, hier au soir sous une pluie battante, peu avant minuit ; me couche, je ne sais pourquoi, en sifflant l’air « Mon cœur s’ouvre à ta voix, comme s’ouvrent les fleurs au baiser de l’aurore » (serait-ce le livret du Samson et Dalila de Saint Saens ?) ; en prenant le « Pourquoi la Grèce ? » de Jacqueline de Romilly, et le trouvant délicieux ; en entamant ensuite, par curiosité, le dernier livre de Fumarolli, « Paris-New-York et retour », si amusant de froideur désespérée devant l’avalanche des images qui tuent le goût, le simple goût de la beauté, que je m’avance avec lui dans la nuit sans m’en rendre compte ; et puis encore, tant l’excitation est grande, l’énorme biographie du Général de Gaulle par Paul-Marie de la Gorce, aux fins d’y retrouver des détails sur le plan de stabilisation de 1963, et notamment l’intraitable attitude du grand homme lors de la grande grève des mineurs (cela, pour étayer ma thèse du refus de l’argent, du crédit, du progressisme calculé en capacité marchande, que Fumarolli, comme l’ami Camus et tant d ‘autres ont l’air de ne pas voir derrière les maux dont ils se plaignent : condamner la laideur, c’est condamner la civilisation marchande, le tout fric démocratique) ; de fil en aiguille je cherche et trouve Guillemin sur le même sujet (usure, déficit public, et « progrès » ces petits dieux communs aux gogoches et aux banquiers qui mènent le monde) ; enfin, puisque je me suis relevé, je jette en hâte sur ma machine le plan d’un chapitre entier, « de Gaulle et l’argent », que je m’imagine pouvoir écrire en trois ou quatre jours, puis reviens pour me détendre à Romilly la douce : il est plus de quatre heures, il me faudrait éteindre mes loupiottes, mais je suis si débordé d’idées et de projets d’écritures, si bienheureusement rendu à la fantaisie de la vie solitaire que je ne me résous plus à dormir…

 
Au réveil, les nouvelles du jour me donnent l’idée d’ouvrir une autre série d’actualités toutes chaudes : après la série « Où que se pose le regard, la catastrophe pointe », déjà abondamment illustrée, ce pourrait être quelque chose comme : « comment un pays veut mourir ». La chronique est abondamment fournie ces temps ci : l’autre jour, il s’est trouvé un tribunal, celui d’Angers je crois, pour accorder à des grands parents le droit de reconnaître, grâce aux tests ADN, un enfant né « sous X »,  et cela, encore, contre l’avis expressément  formulé par la mère : un nouveau coup de canif porté à la très ancienne pratique qui à la fois préservaient la vie des nouveaux nés de la nation, prenait en compte le très compréhensible désir de mères de ne pas élever un enfant dont elles ne pouvaient ni ne voulaient assurer l’éducation, et sauvait les enfants indésirés soit de l’abandon, soit les poubelles aseptisées des hôpitaux modernes… Hélène Cardin concluait le sujet, sur France Inter, en concluant que l’on assistait sans doute à la disparition de l’accouchement sous X. Cette grande militante de droits des femmes, et de « l’IVG », n’avait pas l’air de s’en plaindre, bien entendu. Place donc aux avortements (nul autre secours désormais pour une femme qui ne voudrait ou ne pourrait élever son enfant), aux achats d’enfants à l’étranger, pudiquement nommé « adoption », la conséquence n’étant pas seulement un nouveau pas vers la marchandisation des corps, mais aussi vers de nouveaux métissages - et si l’on pouvait ainsi tarir peu à peu la reproduction naturelle de notre peuple ce serait encore mieux... 

Publié dans Extraits du journal

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