Jeudi 6 mai 2010; Mirebeau.

Publié le par Paul-Marie Coûteaux

Trois semaines sans ouvrir ce journal; peut-être y aurait-il trop à dire -ou, plus sûrement,  tout ce qu'il y aurait à dire a déjà été dit, par moi et quelques autres depuis des années et des années, et que, en somme, il n'y a plus qu'à regarder l'inéluctable s'accomplir…

D'ailleurs, je ne lis plus les journaux ; inutile, nous les avions écrits depuis lontemps : la crise, le passage des mains politiques aux mains financières, les chocs asymétriques, l'impossibilité de l'euro, la fuite en avant européïste qui imagine toujours que les ratés de l'intégration n'ont qu'un remède, une intégration accrue, nous avions tout dit, tout… Je ne regarde donc plus que de loin en loin le déglingage progressif de l'UE, attendant les drames. Si la rigueur à venir est imposée par des oukases de Bruxelles, c'est-à-dire n'a pas de légitimité politique, la violence des peuples n'en sera que plus rageuse, et plus dévastatrice…

On parle souvent d'Athènes ces jours-ci, à propos du collapsus grec qui mobilise les eurocrates, engagés dans une sinistre course de vitesse avec les marchés, qui est une course à l'abîme. Mais c'est curieux : le renversement de l'Europe vient de la Grèce, ce commencement démocratique de l'Europe qui pourrait être aussi le commencement d'une autre Europe. Ruse de l'Histoire ? Je songe à l'Acropole, à ses philosophes qui nous ont donné tant de nos meilleurs mots, et à mon aimable Platon : "le commencement est comme un dieu qui, aussi longtemps qu'il séjourne parmi les hommes, sauve toutes choses". Et si, vingt cinq siècles plus tard le commencement grec, je veux dire la démocratie, sauvait l'Europe ? Quelle justification de l'esprit de permanence ! Vingt cinq siècles : c'est exactement, selon la légende, l'a^ge de l'arbre de Platon… Comme tout change vite, dans le monde ennuyeux des apparences -et comme est délicieux le sentiment  partout confirmé du Temps est immobile…

Publié dans Extraits du journal

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